La Sainte-Victoire à l'origine, ancrée et aérienne, et ses contreforts -calcaire et végétal- en aplats, coulures, gouttes et traits. La rafale sur la roche, la sève hissant la plante, "le remous de la terre, l'écorce de l'eau", pour citer Bazaine, sont ces éléments entremêlés que je tente de capter.
Il y a une exaltation dans ce face à face avec ce lieu fougueux et chaleureux. C'est toute la surprise de la rencontre au sens propre, "on s'est rentrés dedans !”, quand j’assiste aux séismes qui agitent cette terre méditerranéenne ; l’ancrage de la roche parfois mur, parfois tissu, la fleur de l'amandier comme une écume de mer, la poussée de la vigne ou le cyprès et le pin arqués par le grand Mistral. A l'instar du mouvement corporel imposé par la nature, le paysage s'inscrit peu à peu, à l'acrylique et avec la terre ramassée au pied de la Sainte-Victoire, avec composition et lancer autour de plusieurs toiles à la fois, par la gestualité du bras, l'enjambement et le renversement du châssis, dans une relation synesthésique à la nature.
C'est physique, c'est du concret, c'est le dynamisme du corps aux prises avec la peinture. Les signes graphiques des éléments méditerranéens se télescopent. Entre abstraction et figuration, mon travail est issu de l'influence de la roche de Giotto et de Patinir, de la Sainte-Victoire de Cézanne ; de la touche délicate de Bazaine, et du mouvement de Pignon, de l'expressionnisme américain des années 50 (Helen Frankenthaler, Joan Mitchell, Kimber Smith), contemporain de Sue Williams ou Per Kirkeby et de cette plaine à l'est d'Aix-en Provence, fouettée par le Mistral et écrasée par la Victoire, dans ce Midi rude où j'ai mes origines ancestrales.