"Mais à la fin, c’est la peinture qui l’emporte. La peinture comme surface matérielle où se révèle l’image. En effet, une fois le travail d’alchimie poétique accompli par le peintre, reste la peinture offerte à la contemplation. Sa poésie et sa richesse tient en partie à des temporalités différentes : le vécu, le peint, l’évoqué. La variété des titres de ses tableaux illustre bien la coexistence de ces trois plans de réalité : le paysage comme source d’inspiration (Aqua, Vents, Horizon…), le travail comme processus (Palimpseste, Trace), la sublimation du réel en poésie (Invitation au voyage, Présence, Souffle). Sur la surface de la toile est posée une image à triple résonance : sous-jacente, l’évocation du paysage de départ, la trace du moment de création comme processus, l’image finale ambiguë entre figuration et abstraction. Ce que l’artiste appelle une « peinture d’évocation », construit des images ambiguës et ductiles. Dans leur matérialité brute, elles deviennent des machines à rêve. Intimes et universelles, elles laissent une place importante au spectateur qui est invité à mettre en mouvement sa propre rêverie."
Anne Dopffer, Paysages atmosphériques, in "Usher Arte", 2019.
Historienne de l'art. Directrice des Musées Nationaux du XXe des Alpes-Maritimes.